Temps de crise, tant de vie : entre avant et après, il y a maintenant !

 

Je me rappelle, nos derniers cours de yoga et votre sensibilité, pour certains à fleur de peau, des peurs, pour d’autres l’indifférence, voir la rébellion. Je me rappelle avoir dit « il est ok d’avoir peur, tout comme il est ok d ‘être tranquille ». Car ce qui est juste est d’être accueillant à ce qui se présente et ne pas ni juger ni y réagir, que ce soit avec ce qui semble « bien ou mal ». Je me rappelle m’être sentie à ma place et ça m’a touché. Car soutenir et contribuer à un moment de paix, de centrage, de passage et de présence compte pour moi.

Il ne m’appartient pas de vous dire quoi sentir, quoi penser, ni quoi savoir ou même croire sur cette épidémie. Vous avez sur internet des infos. Je vous invite simplement à écouter ce que ça vous dit à l’intérieur, vos sensations, vos sentiments, vos émotions, votre propre savoir et les accompagner. Je vous invite à habiter votre corps, votre cœur, à habiter votre vie.

 

Les habitudes, le connu, n’est plus là. Il reste je l’espère pour chacun et pour commencer l’essentiel : un toit, des êtres aimés, de l’eau, des souvenirs et des rêves, des valeurs, des projets et votre respiration. Je vous invite à installer votre quotidien avec le confort qui vous est nécessaire, comme on s’installe pour une séance de yoga posturale puis pour une relaxation en yoga nidra. On entre dans cette intériorité, en intimité avec soi. Ça veut dire qu’on organise, dans la matière, la meilleure façon de nous y tenir. Et puis on entre dans un espace plus subtil, plus vibratoire, où le sens de vie et la vie de l’être se mettent en mouvement. J’ai à cœur de continuer à éclairer cet espace là. A travers le yoga mais pas seulement.

Pour avoir accompagné principalement à mes débuts de thérapeutes, la naissance, la maternité et parentalité et la fin de vie , ainsi que des personnes face à la maladie et la douleur, j’ai toujours été témoin et sure d’une chose : quand on traverse, face à une souffrance, un événement, dans ce passage qui est une épreuve puis devient une expérience, il y a à la fois cette dimension absolument personnelle mais il y a aussi la présence, la main, l’écoute donnée à l’autre. Ce que j’appelle l’attention bienveillante, la présence authentique. Nous sommes toujours amenés, pour une raison ou une autre à un moment donné, à quitter une rive, on s’aventure, et il arrive un espace/temps où on se trouve au centre de la rivière, du passage, où on n’a pas pied, on ne reconnaît rien, où ne peut même plus revenir à l’ancien, et là, là est le passage initiatique, entre peur et lâcher-prise.

Nous avons d’ailleurs déjà tous vécu ce moment pour notre venue au monde, à notre vie ! Nous avons déjà fait cela et nous y sommes parvenus. Nous l’avons déjà fait. La spécificité du moment présent tient dans le fait que ce passage est aussi collectif, planétaire et universel. Nous vivons cela tous ensemble et chacun comme une grande famille, la famille humaine, posée sur sa maison la terre et en son corps-jardin.

Alors c’est vrai, nous ne savons pas qu’elle sera l’autre rive, ni même quand et comment nous y arriverons, et encore moins à quoi elle ressemblera. Mais il est une certitude inéluctable et je peux en témoigner, notre âme le sait : il y a une autre rive.

Certes nous pouvons nous demander qui quoi comment pourquoi tout cela, et c’est encore le mental qui s’invite, que cela soit plutôt positif ou négatif … c’est une façon de gérer, comme dans certaines formes de thérapies de chercher les raisons, les causes, qui sont une forme de : j’accuse ou penser les conséquences. C’est une façon très humaine de chercher à comprendre, à savoir, à tenir et donc à garder une forme de contrôle.

Mais il y a une autre façon, celle de regarder le présent, qui est lui-même ouvert face au temps à venir et se demander : aujourd’hui, qu’est-ce que je veux vraiment? Maintenant, pour moi, dans ma vie, dans mon monde et dans ce monde? Car il sont liés et interdépendants.

 

Le temps est un trésor, notre corps un temple, la vie un miracle, alors l’essentiel est déjà là, depuis longtemps, à nous attendre, nous solliciter, comme un enfant qui attire l’attention. Et nous sommes, nous étions quelquefois ces adultes, pas toujours vraiment à l’écoute, ni tout à fait présents, ni tout à fait dans l’attention juste du moment. Et ça aussi c’est ok, nous sommes ces humains, on avance, on progresse, on apprends, on pleure, on rit, on vit! Maintenant…

Nous sommes aussi comme des enfants qui ont demandé un cadeau, comme le bien-être, la liberté, l’amour, et qui attendent encore, ne voyant pas que le cadeau est déjà là, ou qui commentent voir analysent le cadeau reçu. Un autre cadeau est en train de venir à chacun, il est encore dans le papier cadeau, son ruban est une couronne qui nous est donnée à porter, pour nous consacrer à l’essentiel. Certes, il n’est pas tout à fait temps de l’ouvrir, l’initiation est en cours, la transformation est à l’oeuvre, comme un nouveau téléchargement, mais il y a un cadeau, pour un nouveau programme de vie qui aime la vie ! Je ne sais pas exactement dans le détail ce qui sera à l’intérieur, mais il s’agit bien d’un cadeau et il se pourrait bien que ce soit le cadeau parfait pour chacun. Concentrons-nous à juste choisir la direction que nous voulons prendre et déjà, avant même de recevoir, de remercier !

 

Je nous invite à regarder ce que cette crise nous apprends, nous révèle, nous enseigne et nous donne, et depuis ce présent et le temps donné, être comme un jardinier qui aime son jardin, fait le tri de ses graines, ce que les anciens appelaient : « trier le bon grain de l’ivraie ».

Que voulez-vous semer dans votre jardin, que voulez-vous voir fleurir et récolter ? Car il y a des lois naturelles, lois de l’univers. Si nous voulons des fraises, plantons des pieds de fraisiers ; si ce sont des pommes, plantons des arbustes ; mais nous n’aurons pas de tomates si nous plantons des salades, ni roses si nous plantons du vent telles des illusions.Toute crise invite à un passage, une autre rive de soi, et c’est vrai c’est incertain et inconnu, mais il y a toujours une autre rive.

Je nous invite à faire confiance, c’est à dire à se confier à la vie, à sa bienveillance, à son amour, ici M’aime, même si elle a des façons tout à fait inattendues, bizarres, étranges, dérangeantes et confrontantes de nous apprendre, de nous aimer.

Nous allons perdre dans ce passage, de vieux masques, de vielles habitudes et sans doute pas mal d’illusions, celles qui voilent nos âmes et endorment nos esprits, ces petites voix, ces croyances qui nous empêchent de rêver grand et beau et fort et même plus!

 

Puissions-nous rester centrer et en présence, car sur l’autre rive, un jour, un matin, nous verrons apparaître un nouveau soi, un nouveau souffle, une nouvelle vie, enrichie de celle ici présente. En vérité, c’est la même vie, même si elle change, c’est la même vie! C’est maintenant que s’ouvre le passage. Alors oui, c’est ok d’avoir peur, de douter, de résister, de traverser, c’est ok ces moments de refus, d’attachement. En douceur, petit à petit ou plus rapidement ou déjà, cela va se détendre, lâcher. Car il n’existe pas d’entre deux dans le lâcher prise et tout le paradoxe est là, on ne peut être à la fois à tenir et de l’autre à lâcher, soit on tient soit on ne tient pas. L’entre deux est tout ce processus qui nous conduit à mettre genou à terre, pour toujours se relever. Un ami me citait ce proverbe : « tombé 7 fois, levé 8 fois ».

Le processus est engagé, pour tous, il peut simplement se faire avec plus ou moins d’aisance et de grâce, de non violence pour soi et pour la vie en soi. Pour adoucir, pour être là, revenir à ce qui compte pour vous, votre essentiel, c’est à dire votre essence.

Rappelez-vous que le yoga, aussi fondamental et précieux qu’il soit, n’est qu’une forme, un support, pour vous conduire à cela, mais il n’est pas la forme. Choisissez une forme ou multipliez les, mais le temps de choisir est venu. Le temps de se choisir est là. C’est le temps d’aimer jusqu’à soi…

 

Car seule la vie, une et multiple, est la forme. Trouvez, réinventez des formes, des pratiques, celles qui vous font du bien, celle qui vous met en joie et en forme ! Vous êtes le cœur, le centre, le point au centre du mandala de votre vie, vous êtes l’axe et le souffle, vous êtes la vie. Cette vie est entre vos mains, et vous n’êtes pas seuls. Dans vos mains pleines de votre cœur, écoutez, le rythme de la vie, le rythme de votre cœur, et respirez en cela. Je vous souhaite d’en prendre soin et de vous aimer jusqu’à l’après, pour semer ensemble et je m’en réjouis déjà !

 

Corinne Di Battista

Le 18 mars 2020

 

Traverser, pour revenir à soi et réconcilier tous nos possibles

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