Contentement et gratitude : l’expérience vivante transformatrice
Dans les niyama, santosha est le contentement, qui renvoie à la notion de sukham, qui se traduit par espace heureux. Dans l’ensemble des anga se trouve un espace d’ouverture, d’élargissement du champ des possibles, la faculté à apprécier ce qui est, ce que je vis.
Par exemple, j’ai la possibilité de devenir libre de mes désirs et des causes de souffrance. En effet, la souffrance existant par dualité «ce qui est souffrance et ce qui n’est pas souffrance » il existe donc un espace qui n’est pas souffrance. Et je peux choisir de le rencontrer, de ne pas laisser la souffrance m’envahir et être seulement souffrance.
Je peux délimiter la souffrance dans la reconnaissance que, en son aspect opposé, il existe une part non souffrante. Il m’est donc possible de choisir la nature de l’expérience que je souhaite faire et comment donc je veux me sentir. Je peux ainsi choisir de vivre « la non souffrance » car cet espace existe bel et bien et à tout moment.
Cela permet de choisir et grandir en responsabilité, en autonomie et en confort. Reconnaître les deux parts, ne pas occulter, c’est s’autoriser à aller plus loin, à être l’un et l’autre et ainsi ni l’autre ni l’autre. Dans cet accueil qui est non résistance et non jugement, j’entre en contentement.
On trouve là l’apaisement, être heureux de ce qui est, le mental est posé, l’esprit plus ouvert. Ainsi le corps répond avec plus de souplesse et de facilité, car il n’a rien à défendre ni à protéger ni à prouver.
Le confort et l’aisance dans la pratique posturale se trouve là : faire à sa juste mesure, selon ses possibles et dans ces limites là, se relâcher et se poser, trouver santosha. C’est là aussi que la pause respiratoire se fait et se déploie. l’espace d’nu instant qui est aussi un état d’être.
Ce qui est heureux n’est pas ce qui est « parfait », c’est ce qui s’accueille et s’accomplit. Là est la totalité où il ne manque rien.
« Par la pratique de santosha, on connaît le plus haut degré de bonheur »
Aphorisme II-42
En cette période où nous sommes mis à l’épreuve de « ce qui est et n’est plus », cet enseignement est une pratique à laquelle je vous invite.
Apprenez à choisir, car si les événements et l’environnement sont extérieurs et puissants, nous avons toujours cet espace de liberté et de choix intérieur et bien personnel qui nous détermine.
Autorisez-vous à choisir ce que vous voulez vivre.
C’est un entrainement mais c’est avant tout une décision.
Demandez-vous : A quoi, à qui est-ce que je donne mon pouvoir ?
Et si j’étais à mon propre service, celui du bien, et si je le revendiquais pour moi en passant par moi, il se passerait quoi? ». Santosha !
La gratitude est présente à cet endroit là, où accueillir, être, remercier. Savoir recevoir est un chemin d’humilité. Non pas face à nos limites ou nos possibles, mais par l’honneur qu’il nous fait d’en faire simplement l’expérience et le vivre. En cela, le hatha yoga et le tantra yoga ont une dimension sacrée.
S’engager dans la pratique, c’est en respecter la tradition et se situer avec gratitude et humilité en sa transmission vivante qui se donne et se reçoit. Nous y restaurons nos liens avec l’univers lorsque nous commençons à accepter totalement l’ensemble des expériences car il n’y aucune séparation entre eux et l’absolu. Celui-ci, en tant qu’unité, ne peut être si on le cherche lui seulement, c’est à dire si on s’extrait et si on fuit la réalité du quotidien.
Dans la pratique il y a complétude quand l’expérience est complète et totale, dès lors qu’on s’y accorde comme elle se présente. La sadhana, qui est ascèse pour progresser dans une voie spirituelle, se fonde non pas sur l’unité, mais sur l’expérience.